Comme chaque année et depuis 1973, la Journée mondiale de l’environnement est célébrée le 5 juin par plusieurs millions de personnes et d’organisations, sous la conduite du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Cette journée représente la plus grande plateforme mondiale destinée à sensibiliser le public à l’environnement. De toute évidence, l’on se saurait aborder cet enjeu sans évoquer la problématique du changement climatique au cœur de l’agenda du développement durable qui engage toutes les nations.
En effet, au Sénégal comme dans les autres pays africains, les impacts du changement climatique sont durement ressentis. Cela se traduit, de plus en plus et dans de nombreuses contrées, par de fortes températures, une aridité croissante des sols, des difficultés d’accès à l’eau, une détérioration des écosystèmes… Ces phénomènes représentent autant de facteurs qui aggravent les situations de crise économique et alimentaire, compromettent les moyens de subsistance, contribuent à aggraver la pauvreté, la faim et la malnutrition, tout en fragilisant les activités d’un secteur primaire qui est grand pourvoyeur d’emplois.
Il convient de noter que ces chocs économiques, sociaux et environnementaux sont, sinon provoqués, du moins rendus plus aigus par l’intervention de l’homme, à travers l’utilisation de combustibles fossiles comme le pétrole, le gaz et le charbon qui produisent des gaz à effet de serre dans l’atmosphère terrestre et responsables du réchauffement climatique. En effet, ce gaz incriminé, le dioxyde de carbone ou CO2), est généré par les activités humaines qui, en plus, favorisent diverses autres formes d’agression de l’environnement comme avec la prolifération des matières plastiques qui sont la plus importante et la plus préjudiciable composante des déchets marins.
Cela justifie, pour la célébration de cette JME 2023, la pertinence d’interpeller t’Etat et les citoyens, pour les engager à renforcer et amplifier la mobilisation et les initiatives de lutte contre la pollution plastique.
Dans ce sens, après les mesures prises en 1974 mais dont la portée s’avérait très limitée, le Sénégal a fait montre d’une volonté politique renforcée, avec l’entrée en vigueur de la loi n°2020-04 du 8 janvier 2020, relative à la prévention et à la réduction de l’incidence des produits plastiques sur l’environnement.
Cette loi a voulu poser les premiers jalons d’une gestion rationnelle des déchets plastiques, dont l’objectif principal est d’en réduire la quantité par le biais de mesures d’interdiction des produits plastiques à usage unique (gobelets, pipettes, sachets pour conditionner eau et autres boissons) mais aussi des sacs de plastique en sortie de caisse, en plus d’un système de consigne pour les bouteilles plastiques et une filière de responsabilité élargie des producteurs qu’il fallait créer.
Aujourd’hui, il est permis de réaffirmer que la gestion des déchets plastiques au Sénégal comporte des défis gigantesques à relever. Les importantes quantités de morceaux de plastique qui ont envahi les terres, les océans, les zones côtières, les plages (bouteilles, bouchons, emballages alimentaires, filtres de cigarettes, sacs ou bacs en polystyrène), avec leur longue durée de vie, sont mangées par toute espèce d’oiseaux marins et cette consommation pourrait encore perdurer et les faire disparaitre. A la vérité, les sachets plastiques pullulent au Sénégal, dans les rues et ruelles, sur les routes, sur les plantes, les toitures de maisons, les plages, les marchés et sites de commerce, les espaces de jeux, les écoles : de sinistres dépotoirs, en dépit des temps et ressources consacrés au nettoiement et au ramassage.
A titre d’illustration : «Sur 100 kilogrammes de déchets, 60 sont constitués de plastique ! » (source : ministère de l’Environnement et du Développement durable- Lutte contre les déchets plastiques Spot publicitaire réalisé par l’agence «Global Vision» «La proportion de déchets plastiques dans la production nationale de déchets est de 9,09% ». (Site Africa Check / in Rapport national de caractérisation des ordures ménagères et assimilées au Sénégal / nov. 2016) ; «En 2019, sur une production nationale de « 4 142 000 tonnes» (UCG-structure chargée de la collecte et du traitement des ordures ménagères, le plastique représente 414 200 tonnes soit environ 10% des déchets »./
Assurément, le combat contre les déchets plastiques, engagé depuis 2014/2015, est encore très loin d’être gagné, malgré les efforts consentis par l’Etat central, des collectivités territoriales, des associations de jeunes et de femmes…, dans l’information, la sensibilisation, les mesures de contrôle et de sanction.
Dans le fond, cela révèle bien des insuffisances manifestes dans la prise de conscience citoyenne, dans l’éducation à l’environnement, dans le changement indispensable des mentalités et des modes de vie, bref, dans la perception du bien public…
C’est le lieu d’appeler à une ferme volonté de l’Etat central de promouvoir et accompagner la responsabilité des collectivités territoriales quant à la gestion de proximité des déchets en plastique, en articulant les actions de sensibilisation avec un système de sanction à l’égard des personnes physiques et morales, des ménages, des gestionnaires de lieux publics, des établissements d’enseignement…
Il est aussi envisageable d’instituer un mécanisme permanent d’émulation entre quartiers et villages, entre communes… pour aller vers la célébration des performances et la démultiplication des meilleures pratiques pour faire disparaitre partout le péril du plastique.
Enfin, il faut admettre que la prise de conscience au niveau individuel reste déterminante. Autrement dit, chaque citoyen doit se sentir concerné en assumant, d’abord dans sa propre sphère restreinte, ses obligations de lutte contre ce phénomène : le raffermissement de la volonté individuelle de protéger l’environnement contre le plastique demeure le premier niveau de participation.
C’est la raison pour laquelle l’association Africa Feliz Sénégal, après avoir érigé ses locaux en terre crue , a opté pour «le Zéro Plastique», autant dans son espace interne qu’à travers la prise en charge des activités de formation qu’elle initie et appuie. Aussi, les membres de l’équipe développent cette option au sein de leur entourage immédiat.
Africa Feliz Sénégal souhaite qu’un large front se développe autour de cette posture de rejet du plastique, en espérant que la JME 2023 soit un moment d’introspection pouvant déboucher sur des avancées significatives dans la protection de l’environnement! Pour cela, nous sommes tous concernés ! Donc, agissons ici et maintenant !